Le prévisible et l’imprévisible colloque international

Le prévisible et l’imprévisible
Perspectives linguistiques, culturelles et didactiques
colloque international

Pécs, du 28 au 29 mars 2019


organisé par :

le Laboratoire des langues romanes du Pôle régional de l’Académie des Sciences (PAB), Pécs,
le Département de français de l’Université de Pécs,
le Centre interuniversitaire d’Études Françaises (CIEF), Budapest,
le Laboratoire de Puralité des langues et des identités : didactique, acquisition, médiations (PLIDAM-INALCO), Paris

Jeudi 28 mars
PÔLE RÉGIONAL DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES (PAB)
Villa Vasváry, Pécs, Jurisics Miklós u. 44.
10.40-11.40 : SÉANCES PLÉNIÈRES (Salle : Előadóterem 1er étage)
11.10-11.40 : Petr Kylousek (Université Masaryk, Brno)
Toxoplasma de David Calvo – tentative de lecture plurielle

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résumé : Le roman d’anticipation de David Calvo se situe dans un Montréal postrévolutionnaire, assiégé par l’armée fédérale et où des groupes d’anarchistes internautes et ceux des partisans de l’ancien monde libéral cherchent à sauver la civilisation. Au milieu des combats, à la fois réels et sur les réseaux parallèles des ordinateurs et des portables, une nouvelle civilisation se forme : elle recourt aussi bien aux sources des mythologies grecque et amérindienne qu’à la filmographie des années 1970-1990.

Roman à mystères, Toxoplasma est susceptible d’intéresser les étudiants et de fournir plusieurs pistes pédagogiques. Nous proposons d’en parcourir deux : celle du langage particulier des textos chiffrés qui sont un mélange subtil de français, d’anglais et des abréviations ; et celle de la topographie de Montréal qui donne lieu à une recherche civilisationnelle et culturelle, à la fois historique et d’anticipation.

Les deux pistes peuvent déboucher sur une réflexion concernant le syncrétisme civilisationnel de la postmodernité, mais aussi sur le prévisible et l’imprévisible de l’histoire.

Vendredi 29 mars
PÔLE RÉGIONAL DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES (PAB)
Villa Vasváry, Pécs, Jurisics Miklós u. 44. 
11.00-12.30 : SECTION Littérature 2 (Salle : Tanácsterem 1er étage)
Présidente : Timea Gyimesi (Université de Szeged)
12.00 : Ján Drengubiak (Université de Prešov)
La complémentarité du prévisible et de l’imprévisible dans l’œuvre d’Anne Hébert

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résumé: L’œuvre d’Anne Hébert, auteure québécoise du 20e siècle, est manifestement lacunaire et fragmentaire. Cette qualité ouvre les romans aux interprétations multiples et leur permet à se réactualiser constamment. Si cela donne l’impression que nous avons affaire à un texte radicalement imprévisible, ce n’est pas le cas.

Anne Hébert construit son monde romanesque en exploitant la complémentarité entre le prévisible et l’imprévisible. Le prévisible s’y manifeste par le fait qu’Anne Hébert donne à entrevoir la conclusion des romans – dont l’histoire est simple, voire banale – dès les premières pages. Ce n’est que dans ce cadre bien déterminé que l’auteure introduit les personnages agissant de manière imprévisible. Cette imprévisibilité entourant les personnages est examinée comme un enjeu fondamental de tout texte hébertien : de la quête de leur liberté.
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14.00-14.30 : SÉANCE PLÉNIÈRE (Salle : Tanácsterem 1er étage)
Présidente : Mojca Schlamberger Brezar (Université de Ljubljana)
Judith Woodsworth (Université Concordia)
La musique du hasard : La traduction et la traductologie face aux aspects imprévisibles et inexplicables des échanges interculturels actuels
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Résumé : Bien que l’on déplore souvent l’impossibilité de traduire – c’est le cas de la poésie notamment – et que l’on interdise même la traduction de certaines œuvres telle le Coran, on traduit en réalité dans tous les domaines (littéraire, religieux, scientifique, entre autres), et ce depuis plus de deux millénaires. Comment expliquer le choix arbitraire des œuvres à traduire, comment tenir compte des dimensions imprévisibles ou encore inexplicables de l’acte de traduire ?

La traductologie, discipline relativement récente qui ne cesse d’évoluer depuis le milieu du siècle dernier, met à notre disposition des outils pour rendre compte de cette « musique du hasard » (The Music of Chance est le titre d’un roman de Paul Auster, écrivain américain postmoderne, traduit en hongrois comme A véletlen zenéje), non pas pour fournir des explications définitives ou proposer des solutions univoques, mais plutôt pour brosser un tableau nuancé des diverses manifestations de la traduction, y compris les cas limites comme la pseudo-traduction ou la non-traduction.

Cette communication abordera les enjeux de la traduction dans le contexte des échanges interculturels actuels, en s’appuyant sur les différentes approches qui ont vu le jour dernièrement dans les sciences humaines : le « virage culturel », le post-colonialisme, le post-positivisme, la sociologie de la traduction, etc. Ces perspectives permettent de contextualiser la traduction et de la concevoir comme un phénomène complexe qui dépasse la simple transmission de messages linguistiques. En outre, on mettra l’accent sur l’importance croissante de cet art autrefois indéchiffrable et secondaire : en effet, à l’ère de la mondialisation, la traduction sert de leitmotiv (et les traducteurs de protagonistes) dans la fiction et au cinéma, aussi bien que d’analogie porteuse, de « métaphore maîtresse », dans les discours à la fois littéraire et scientifique.

Judith Woodsworth 
est professeure de traduction et de traductologie au Département d’études françaises de l’Université Concordia. Elle a traduit deux romans du français vers l’anglais, Still Lives de Pierre Nepveu et Hutchison Street d’Abla Farhoud. En codirection avec Jean Delisle, elle a fait paraître Les traducteurs dans l’histoire / Translators through History, ouvrage qui a été réédité et traduit dans plusieurs langues depuis la première édition de 1995. Dernièrement, elle a publié Telling the Story of Translation: Writers Who Translate (Bloomsbury, 2017), ainsi que l’ouvrage collectif The Fictions of Translation (John Benjamins, 2018). Elle était présidente fondatrice de l’Association canadienne de traductologie, dont elle est membre honoraire. Elle détient un doctorat en littérature française de l’Université McGill.